30 avril 2024

Matadi : Scanneur, un mode d’enrichissement illicite des douaniers ?

Photo ACP

La Rédaction

Dénoncer la corruption est un devoir citoyen, dit-on. Les douaniers sont parmi les fonctionnaires les mieux payés du pays. Comme si, cela ne suffisait pas, Jeanne Blandine Kawanda, Directrice Générale des douanes  et accises, a doublé leur salaire dans le but de les mettre dans de bonnes conditions afin qu’ils ne soient pas corrompus.  Mais la corruption se porte toujours bien et les gabelous l’ont fait même un mode d’enrichissement illicite. Tenez-vous bien, les installations de la douane et celles du port sont les principaux lieux d’institutionnalisation de la corruption à Matadi.

Les deux ports internationaux de Matadi, notamment de la SCTP et MGT sont les endroits, où il y a une forte propension de la corruption. Surtout pour les douaniers commis au scanneur de la Direction Générale des Douanes et Accises, DGDA, Matadi deviennent des millionnaires en franc congolais tout comme en dollars au dos des importateurs, exportateurs et des commissionnaires en douane. Ils ont certes, sans pitié du peuple congolais.

Ce billet vous décrit comment les gabelous opèrent et s’enrichissent au détriment de l’Etat congolais.

Malgré les efforts fournis par le Chef de l’Etat via l’Inspection Générale des Finances, IGF, pour lutter contre ce fléau qui terni l’image du pays, mais à la DGDA Matadi, cette lutte contre la corruption n’y a rien changé. Au contraire, ce phénomène prend de plus en plus de l’ampleur, dans la mesure où toutes les structures de lutte contre la corruption établies aux ports ont fini par devenir de simples maillons de la chaîne de corruption, surtout le scanneur, installé pour lutter contre la fraude douanière, est devenu une tracasserie de plus. Un véritable endroit, où l’on peut s’enrichir facilement et se taper des villas en cascade.

Mobiliser les recettes de l’État et pour soi, à la douane, implique l’existence d’un double système de tarification, à l’instar des Tarifs officiels des droits et taxes à l’importation et son dédoublement parallèle en perdiem (faux-frais). Dans le circuit de la douane du port, en principe, le seul point de transaction financière est la caisse, qui est aussi l’étape finale, si l’on s’en tient aux attributions statutaires des différents services. Mais cette disposition du code de douane n’a aucun effet ici, car ce circuit formel est parsemé des niches de corruption.

Dans ces deux ports, tout se fait au sens contraire. Ceux qui sont censés de lutter contre la corruption sont les premiers à être corrompus. Et des agents et fonctionnaires de l’État commis au scanning des containers ne font pas exception.

Ciblage des containers

Le scanneur au port intervient à la fin des opérations du dédouanement des marchandises. Vérification terminée, bulletin de liquidation payé, bon à enlever délivré, bon de sortie remis au déclarant, c’est le début de stress. Il faut maintenant prendre la fiche de scanner à remettre au chauffeur. Une fois chargée, le container passe au scanneur.

Fiche de passage scanner (Ph. BDC)

Au scanneur, il faut tout planifier, si tu ne planifie pas bien, ton container sera ciblé et là tu vas dépenser plus.

Comment ça se passe ?

Avant le scanning, il faut appeler un agent, le donner le numéro du chauffeur, la plaque du véhicule, le numéro du container à charger et le numéro de la déclaration, ce n’est pas gratuit, vous le devez minimum 100$. Sinon vous n’appelez pas, le container sera ciblé. Et là, ce sont eux qui demandent au chauffeur d’appeler le déclarant.

Ph. BDC

« Plusieurs fois, je suis victime de ciblage des containers au scanneur. Il cible le container mais, ils sont incapables de dire réellement pourquoi le container est ciblé. Le rapport de ce fameux scanneur est toujours flou », nous dit Pablo Kinkuni (nom d’emprunt), déclarant en douane.

Et d’ajouter : « La première fois on a ciblé un container de diverses marchandises. Le container a été transféré à ACOVER, un entrepôt pour vérification intégrale. Là, encore, c’est la pire escroquerie », fait savoir ce déclarant.

Je vous explique, dit-il, après ouverture, l’inspecteur de brigade mobile envoyé pour contrevérifier me demande 6.000$ pour libérer la marchandise. Là, je n’avais plus autre choix que de négocier avec lui, de 6.000$, j’ai négocié à 1500$. Les négociations se sont passées dans les installations de la direction provinciale de la DGDA à Matadi. C’est l’argent qu’ils vont se partager entre eux, et rien n’entrera au trésor public. C’était un vendredi et je lui remets l’argent. Je devais attendre jusqu’à lundi pour qu’il libère le container. Arrivé le lundi, il me demande encore 200$, selon eux, il faut cette somme pour envoyer à l’inspecteur de la brigade. « Je vous épargne la suite », dit Pablo.

Rencontrer au port MGT, un autre déclarant nous fait savoir que le scanneur a suspecté ses deux containers et ensuite, il a corrompu les agents de la DGDA avec un montant de 800$ pour que ces derniers libèrent les containers.

« La corruption ici, est à ciel ouvert. Oui, il n’existe pas des déclarations saines en douane mais les douaniers exagèrent. Imaginez, on ouvre le container avant la saisie de déclaration, un douanier de la vérification est à nos côtés, on ouvre le container et vérifie la marchandise. On déclare ce qu’on a vu avec le vérificateur mais à la sortie, le scanneur suspecte le container », indique un déclarant en douane qui a requis anonymat avant de dénoncer la corruption qui est devenu au fait acte légale.

D’autres déclarants interrogés dénoncent la corruption qui a élu domicile aux ports, public comme privés.

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