30 avril 2024

Kinshasa : Des commerçants corrompent les policiers pour ne pas faire le salongo

Par Jean-Hilaire Shotsha

Tous les samedis, entre 8h et 10h du matin, le salongo (travail de salubrité ‘’NDLR’’) se fait dans les marchés de Kinshasa. C’est pour observer la mesure restaurée par l’autorité urbaine de la villedans le cadre de l’opération Kin-Bopeto. Les magasins doivent être fermés. Mais,dans la capitale de la République démocratique du Congo ce travail d’assainissement n’existe que de nom.

Il est 8 heures, Véro M. ouvre sa boutique de vente des produits alimentaires au marché de Ngaba pendant que les autres maintiennent la propreté. « Je ne redoute pas l’intervention de la police. Si les agents de l’ordre arrivent, je leur donnerais 500FC », nous souffle-t-elle. Elle préfère débourser des frais pour ne pas faire le travail de salubrité.

« Le samedi, certains commerçants préfèrent arriver au-delà de 10 heures juste pour ne pas assainir le marché. Et quand ils arrivent, ils donnent plus au moins 500 francs congolais aux agents de l’ordre qui les laissent poursuivre la vente. Alors s’ils viennent m’interpeller, je ferai la même chose », nous confie Alain K. qui a ouvert sa maison de vente des téléphones cellulaires.

Au marché de Matete, la réalité est la même. « Comme à l’accoutumée, on vient à 11 heures. Or, le salongo débute en principe à 8 heures et prend à 10 heures. La saleté est partout. Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Il faut que les gens commencent par être sérieux dans tout ce qu’ils font. Cela doit commencer par la tête. Même toi, quand tu sors ici, tu feras le même constat que moi. Quand je parle qu’eux-mêmes doivent être sérieux pour le cas de ce salongo, est-ce qu’il est respecté ? Ils envoient des policiers qui viennent percevoir de l’argent tout simplement », fait savoir un commerçant du marché de Matete qui a requis anonymat.

Le gouvernement provincial et la police déterminés à traquer les policiers corrompus

Pour mettre fin à cette pratique, l’Hôtel de ville travaille en collaboration avec l’Inspection provinciale de la police pour traquer ces policiers qui se laissent corrompre au lieu d’interpeller les commerçants qui ne font pas le salongo et ceux qui viennent après.

« L’Hôtel de ville travaille avec le Général Sylvano Kasongo, Inspecteur provincial de la police pour poursuivre tout policier qui percevrait l’argent auprès des commerçants qui ouvrent leurs magasins pendant les heures d’assainissement et ceux viennent après », fait savoir Germain Mpundu, coordonnateur de Kin-Bopeto.

Pour Dido Songole, avocat au Barreau de Bandundu et de Kinshasa/Matete, ces commerçants qui, au lieu de faire le salongo donnent l’argent, quel que soit le montant, aux policiers sont aussi coupable d’infraction de corruption. « Aujourd’hui la corruption n’est pas seulement au niveau de la politique. Tous les secteurs de la vie sont concernés. D’où la nécessité d’avoir une loi spécifique sur la corruption », suggère-t-il.

« Tout fonctionnaire ou officier public, toute personne chargée d’un service public ou parastatal, toute personne représentant les intérêts de l’État ou d’une société privée, parastatale ou d’économie mixte en qualité d’administrateur, de gérant, de commissaire aux comptes ou à tout autre titre, tout mandataire ou préposé des personnes énumérées ci-dessus, tout arbitre ou tout expert commis en justice qui aura agrée des offres, des promesses, qui aura reçu des dons ou présents pour faire un acte de sa fonction, de son emploi ou de sa mission, même en juste mais non sujet à salaire, sera puni de six mois à deux ans de servitude pénale », lit-on dans l’article 147 du Code pénal congolais, décret du 30 janvier 1940 tel que modifié et complété à ce jour, mis à jour au 30 novembre 2004.

La corruption dans notre pays est devenue une chose normale. On retrouve les pratiques de corruption dans tous les secteurs de la vie. Que ce soit chez les gouvernants ou chez les gouvernés. Dans la fonction publique que privée. Un crime connu de tout le monde qu’on laisse vivre dans notre société.

Pourquoi le chef du marché n’assurerait-il pas le contrôle en visitant chaque boutique, magasin et étalage, comment le travail a été effectué ? S’il arrivait qu’il y ait un endroit où le salongo n’a pas été fait, il convoque le responsable en cherchant à savoir pourquoi la propreté n’a pas été maintenue.

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