raja-vita (Photo Digital Congo)
Par Bénédict Mukendi
Le monde de football est étrange, impressionnant et quelques fois incompréhensible. Un sport qui a ses règles sur le terrain. Où tout le monde se vente par les exploits.
Dimanche 28 novembre, l’As V. Club de Kinshasa avait perdu 3 buts à zéro au stade Mohamed V face à Raja Athletic Club en finale aller de la coupe de la confédération de la CAF. Un tel score n’a jamais été inscrit dans une finale aller de cette compétition. Le dauphin noir est le premier à le subir.
Aujourd’hui face à cette défaite, la colère, la déception, le dégoût du foot ont envahi le milieu des supporters de V. Club et même l’ensemble des sportifs congolais. C’était indigeste, dit-on. certains pensent que les carottes sont déjà cuites dès le match aller. Et le match retour ne serait que la cérémonie, là tout pourrait être fait.
Je suis prêt à comprendre cette frustration. Et après, doit-on rompre avec le foot? Les supporters, vont-ils pendre le coach et les joueurs à la place publique? Rien ne peut expliquer la ferveur du football.
Le stade de match aller s’appelait Mohamed V et l’autre stade des Martyrs. Et deux villes différentes, l’une Casablanca et l’autre Kinshasa. Ce n’est pas la même chose, n’est-ce pas?
L’As V. Club a quelque chose de surprise à jouer ce dimanche, peut être le début d’une histoire en coupe de la confédération. Le Club Marocain a marqué 3 buts pendant 45 minutes aux filets. C’est qui n’est pas impossible pour le Club congolais, car ce dernier en a 90 pour reprendre la course. Les détournements de situation ont déjà été vécues dans ce sport. Voilà, pourquoi il est passionnant.
C’est pas impossible de remonter 3 buts
Il y a quelques jours V.Club gagnait en demie-finale retour face aux égyptiens d’Al Masry par 4-0. À l’épopée 2014, l’équipe de Kinshasa mettait une raclée à Kaizer chiefs 3-0. Du coup, les tables doivent être mises sur table et V. Club peut le faire.Le coup de massue casablancais doit être rangé dans la partie la plus sombre de notre foot avant dimanche à 22h. Ce n’est pas un sable mouvant qui doit emprisonné les joueurs. Le Congo du foot croit au potentiel de ce V.Club.
Amoureux du football européen, les congolais doivent se rappeler de la nuit du 08 Mars 2017 à Barcelone. L’imprévisible arrivait dans l’histoire du ballon rond européen. Le FC Barcelone infligeait un cinglant 6-1 au Paris Saint-Germain se qualifiant ainsi pour les quarts de finale après avoir perdu 4-0 à l’aller à Paris. La remontada; ce mot qui buzait à l’époque pour signifier la remontée extraordinaire des blaugranas pour rattraper leur retard du match aller. La remontada au stade des Martyrs, peu y croit mais le foot est magique et c’est comme ça. L’exemple est lointain mais adéquat. Ça doit inspirer les joueurs et les supporters de croire en eux-mêmes.
Aucune tactique, aucun système de jeu ne peut être l’antidote efficace à la victoire de V.Club. Il faudrait de la philosophie. C’est un match où il faudra s’en passer de la pression pour laisser place à l’ambition. L’entraîneur de V.Club Florent Ibenge le répète souvent : il ne rentre jamais sur terrain pour perdre ou faire match nul mais c’est pour gagner. On ne tombe pas dans un optimisme béat mais Raja est déjà tombé à Kinshasa cette année. Il peut le subir encore.
Il n’y a que les footix primaires qui continuent jusqu’aujourd’hui à croire à l’impact des pratiques fétichistes dans le foot. C’est une méconnaissance totale de ce sport. La preuve : on peine à retourner à la coupe du monde 45 ans après. C’est très facile de vendre du rêve aux joueurs. Mais ça sera un sale coup.On peut éperdument s’en foutre de ceux qui y croient et laisser les joueurs développer leur meilleur niveau sur le gazon synthétique.
Si Raja est arrivé a battre V.Club seulement en seconde période, c’est parce que ses joueurs ont eu un soutien d’un stade tout vert. Des supporters acquis à la cause de leur club. V.Club peut faire mieux avec ses supporters. L’exigence congolaise à un certain moment disjoncte. D’un côté, ce sont les supporters v.clubiens frustrés du match aller seront tentés de boycotter et de l’autre côté les supporters des clubs rivaux qui viendront applaudir les marocains. C’est une culture foot que je comprends pas. Je ne demande pas l’union sacrée.
Les rivalités existent dans le foot, c’est vrai et c’est partout. Un supporter du Real Madrid ne voudra jamais que Barcelone gagne. Celui de River Plate de même pour Boca Juniors et c’est culturel. Mais faut se poser la question : faudrait t-il payer ma place pour aller applaudir une équipe qui vient pour piquer un trophée dans notre stade ?