27 avril 2024

RDC : Pourquoi le citoyen lambda a du mal à s’adresser à la presse ?

Crédit photo Radio-Canada.ca

Par Prisca Lokale

Bienvenu en République Démocratique du Congo (RDC), pays aux immenses potentialités naturelles. Dans la faune comme dans la flore et surtout, en ressources humaines. Chaque congolais sait se battre pour obtenir ce qu’il veut. Cependant, ce peuple courageux n’aime pas donner un point de vue à la presse.

Au pays de Patrice Emery Lumumba, c’est tout le monde (enfin, dans le petit peuple) qui redoute d’être poursuivi par les agents de services de renseignement. Pour bien vivre ce phénomène, rendez-vous avec une caméra, un dictaphone et surtout un carnet avec un stylo, à bord des taxis bus, dans les places publiques.

Il y a une certaine peur dans la liberté d’opinion. On ne sait plus qui est qui dans les conversations. On redoute de la présence d’un agent des services de renseignements, qui tire quelque chose de vos mots… Bref, on ne sait plus faire confiance à son entourage. Encore moins à la Presse.

Dans mon métier de journaliste, il m’est obligé de collecter les différents points de vue des individus sur n’importe quel sujet qui guette l’environnement social, économique, politique et autres. Malheureusement, une réalité a élu domicile à Kinshasa où je réside. Le citoyen lambda a du mal à s’adresser à la presse.

Mardi 13 novembre 2018 à midi, je descends sur le terrain pour recueillir les avis des des kinois ‘’habitants de Kinshasa’’ sur le retrait des signatures de Felix Tshisekedi et de Vital Kamerhe à 24 heures seulement de l’accord de Genève, instituant Martin Fayulu Candidat commun de l’opposition.  A la première personne de s’exclamer « Eh ! Nini wana ? Makambu ya politique napesa avis nanga ? Euh ! Naboyi (Si c’est pour donner mon avis sur des sujets politiques, je me réserve) » j’essaie de le convaincre mais en vain. Bizarrement, elle a influencé les cinq qui l’entouraient. A l’un d’ajouter «Maman, tokoloba na biso te (On ne parlera pas)».Me regardant droit dans les yeux.

Après quelques pas, je suis aux cotés d’un Monsieur, devant sa cabine téléphonique. Lui d’ailleurs, est catégorique. « Ngai nalobaka té ! Ba avis nanga nakoloba na Presse te ! (Moi ; je ne parle pas ! (Donner mes avis à la presse, je ne le fais pas) » me lâche-t-il, la quarantaine. Il tourne son visage ailleurs.

Bon, il me faut du son. Je poursuis ma balade et finalement, je rencontre un dernier groupe qui m’est plus clair. « C’est pour une question politique ? C’est bon ! Je te donne mon avis. Mais, avec une condition, je ne donnerai pas mon nom ! Je refuse d’être poursuivi » déclare un Monsieur, la trentaine révolue, que j’ai trouvé en pleine discussion de ce sujet. J’ai pu avoir deux autres grâce à lui.

La liberté d’opinion est pourtant l’une des libertés fondamentales de toute personne. Elle a été affirmée solennellement dès la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789, (art 11) : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi ».

Nous sommes dans un pays où coulent le lait et le miel. Si l’on ne sait pas garantir cette liberté dans une République dite Démocratique à quoi peut-on s’attendre d’autre ? Qui peut nous la rendre?

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