La rivière Kalamu remplie des déchets après la pluie à quelqu’un mètre de l’hôpital HJ (Ph. Blog du Citoyen)
Par Jean-Hilaire Shotsha
La ville de Kinshasa fait face à un problème sérieux d’assainissement. Des déchets sont jetés partout à travers la ville. Quand il pleuvine, ces immondices sont drainées dans les caniveaux et cours d’eau qui traversent la ville. Conséquences, obstruction des caniveaux et rivières avec comme résultat, les inondations.
Dans la ville de Gentiny Ngobila, les cours d’eau sont submergées de déchets, au point où il est impossible d’y percevoir l’eau. Sur Kalamu par exemple, l’on peut constater que la rivière est bouchée par de tas de bouteilles en plastique et autres déchets ménagers qui ne permettent pas le passage d’eaux durant la saison des pluies. Et, pourtant, l’Arrêté ministériel n° 017/CAB/MINET/ECONAT/2018 du 30 avril 2018 relatif aux mesures d’exécution du décret 17/018 du 30 décembre 2017 portant interdiction de production, d’importation, de commercialisation et d’utilisation des sacs, sachets, films et autres emballages, continue à souffrir d’application et placé dans les oubliettes par certaines autorités corrompues.
Les canalisations d’eau ne sont pas épargnées. Plusieurs servant de drainer les eaux de pluie sont bouchées. Les habitants de la capitale Kinshasa n’ont pas la notion de la propreté et du respect à l’environnement, et profitent de l’impuissance de l’Etat. Certains lorsqu’il pleut, ça devient un bon moment pour jeter les déchets ménagers sur des cours d’eau et caniveaux. Les autres le font en pleine journée, sans être inquiété par les agents de l’ordre.
« Les kinois ont développé une mauvaise habitude, celle de jeter des immondices ménagères, des bouteilles en plastique, des emballages sachets, etc., dans les rivières et caniveaux. Que fait la brigade de protection de l’environnement ? N’existe-t-il pas des sanctions contre toute personne qui jette les immondices sur les canalisations d’eau et rivières ? », déplore Théophile Kitenge, habitant de la commune de Lemba.
Et de poursuivre : « Ajouter à cela les sables emportés par les eaux de pluie qui remplissent les caniveaux. Or, après chaque pluie, il faut assainir les canalisations d’eau ».
A chaque pluie, des quartiers de la ville sont inondés, des grandes artères ne sont pas épargnées. La ville enregistre des morts et dégâts matériels suite au bouchage des cours d’eau et caniveaux.
Les aventures de Ngobila
Le gouverneur de Kinshasa a toujours lancé les travaux de curage des cours d’eau mais, il n’est jamais arrivé jusqu’au bout. En juin 2020, Gentiny Ngobila avait lancé les travaux de curage de certaines rivières dans le cadre de sa politique de l’aménagement de la capitale congolaise. Il a même visité la rivière Kalamu à Limete 1ère rue, à quelques mètres de l’hôpital HJ. Le numéro 1 de la ville avait constaté que la rivière était bouchée par un tas de déchets.
« Quelques jours après la visite de Ngobila, nous étions heureux de voir les engins de l’hôtel de ville commencer à sortir les déchets de la rivière. Malheureusement, ces immondices retournaient à chaque pluie parce qu’elles n’étaient pas évacuées. On les a abandonnés à côté de la rivière Kalamu », déplore un motard qui a requis anonymat.
Deux ans et huit mois après, le constat est le même, la rivière Kalamu est remplie des bouteilles en plastique et autres déchets. Les aventures sont les mêmes, on voit des engins curés la rivière mais les immondices sont déposées juste à côté et vont retourner dans la rivière pendant la saison de pluie.
Vivre dans un environnement sain, un droit négligé et un devoir non défendu
Les inondations causées par le non entretien des rivières et caniveaux provoquent la dégradation de l’environnement. Les immondices jetées sur les cours d’eau et canalisations polluent l’air. Et, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 9 personnes sur 10 dans le monde respirent un air pollué. La pollution est à l’origine d’un tiers des décès par accident vasculaire cérébral, maladie cardiovasculaire ou maladie respiratoire.
Dans l’article 53 de la constitution de la RDC, l’Etat congolais énonce clairement son obligation de protéger l’environnement et la santé de sa population. « Toute personne a droit à un environnement sain et propice à son épanouissement intégral. Elle a le devoir de le défendre. L’Etat veille à la protection de l’environnement et à la santé des populations », explique-t-il.
Pour rendre Kinshasa salubre, l’Unité spéciale de protection de l’environnement doit faire son travail de sensibiliser et rappeler les textes des lois en matière de l’assainissement. Les citoyens quant à eux, ils doivent remplir le devoir de défendre leur droit à un environnement sain, non seulement par des marches ou interpellation des autorités mais aussi assainir leurs environnements (parcelles, boutiques, écoles, magasins…).
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