26 avril 2024

Kinshasa : Aux sites touristiques, des enfants mineurs toujours exploités dans les petits boulots

Par Jean-Hilaire Shotsha

À Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, la plupart des enfants mineurs passent leur vie dans les sites touristiques. Ils s’adonnent à des activités commerciales et professionnelles de survie qui les privent de leur enfance et nuisent à leur santé physique et mentale.

En aucun cas, les parents pauvres ne laisseraient leurs enfants travailler dans des telles conditions. Et s’ils en étaient au courant. Débout toute la journée, aller à la recherche des clients, les servir, faire la vaisselle, vendre les produits anti moustiques, les papiers mouchoirs et autres. Voilà donc, les conditions dans lesquelles travaillent ces mineurs. 

Samedi 11 janvier 2020, vers 17h 30’ que j’arrive au site touristique  »Nzela ya mayi », (le long du fleuve Congo). Descendant de la voiture, un enfant âgé de 12 ans m’approche et me demande de visiter l’espace ‘’Maman Wiva », cet enfant, c’est Préfina, travailleur dans une terrasse de l’espace. Il me conduit jusqu’à la table. Et me dit « Vieux, oko mela nini ? Oko lia nini ? » (Vieux, tu vas prendre quoi à boire ?, Tu ne mange pas ?), m’interroge-t-il. Je commande une bouteille de Mutzig (boisson alcoolisée) et une autre de Sprite (sucré). Il me sert et rentre à la recherche d’autres clients.

Une vingtaine de minutes passées, Prof, (nom d’emprunt de Préfina) revient vers moi me redemander si je ne mange pas. Je commande et il me sert. Après avoir mangé, je lui demande si l’espace appartenait à sa mère. Cela qu’il me raconte son histoire. « Je suis orphelin. Je n’ai jamais vu mes parents. Mon père est décédé avant que je naisse et ma mère est morte à ma naissance. C’est ce qu’on me raconte », m’explique-t-il d’un air triste.

Préfina sert la boisson (Photo JHS)

Et d’ajouter « J’habite avec ma tante qui est dans l’incapacité de me nourrir. J’ai choisi de travailler comme serveur ici pour gagner quelque chose à la fin du mois ».

Préfina gagne 40.000 de francs congolais par mois valeur de 23,5$. Cette somme l’aidait à se scolariser. « Avant que l’école primaire soit gratuite, je payais avec mon argent les frais scolaires. Maintenant que l’enseignement de base est gratuit, cet argent me paie des habits et de fois la nourriture au cas où ma tante n’a pas trouvé à manger pour la famille », me fait-il savoir.

Gladis, âgé de 14 ans est vendeur des produits anti moustiques. Selon lui, les moyens de ses parents ne suffisent pas à ses besoins. Raison, il a choisi de faire le petit commerce ambulant au site touristique »Nzela ya mayi ».

Gladis allume un produit anti moustique (Photo JHS)

« L’argent que mes parents me donne ne suffise pas. C’est pourquoi, j’ai choisi de faire ce petit commerce. J’ai commencé avec 500FC (0,29$). Aujourd’hui j’achète les produits de 1500FC (0,88$). La vente est bien samedi et dimanche. Parfois je vends 8000FC à 9000FC (4,70 à 5,29$) par jour », explique Gladis. Il épargne 500FC par jour.

Ce que dit la loi

La majorité des pays ont adopté une législation interdisant ou apportant des mesures restrictives sévères à l’emploi ou au travail des enfants, motivés et guidés par les normes adoptées par l’Organisation internationale du Travail (OIT). La Convention numéro 182 de l’OIT a, à cet effet, insisté sur l’âge légal (16 ans) auquel les enfants sont susceptibles d’être employés ou autorisés à travailler. 

« L’enfant ne peut être employé avant l’âge de seize ans révolus. L’enfant âgé de quinze ans ne peut être engagé ou maintenu en service, même comme apprenti, que moyennant dérogation expresse du juge pour enfants, après avis psycho-médical d’un expert et de l’inspecteur du travail », peut-on lire dans l’article 50 alinéa 1 et 2 de la Loi n° 09/001 du 10 janvier 2009 portant protection de l’enfant.

Les autorités devraient se ressaisir, faire respecter la loi sur les droits des enfants. Ce, en commençant par sanctionner toutes les entreprises qui engagent des mineurs, ainsi que des parents qui poussent leurs enfants vers des activités commerciales.

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