Latrines-publiques-livrées-à-la-population-de-Camp-Luka (Photo Twitter/@AmbHenriMova)
Par Déborah Kibundila & Prisca Lokale
C’est la campagne électorale en RDC. Il faut voir comment ils nous viennent de partout. Spécialistes spontanés des œuvres de charité. Ils se font appeler Papa social, Maman sociale. Ce sont les meilleurs profiteurs.
J’habite la ville de Kinshasa, dans la commune du même nom. Les quartiers de chez moi deviennent invivables lorsqu’il pleut. Le maire de ma commune, je ne l’ai jamais vue depuis que l’année a commencé. Des piscines naturelles se créent sur l’avenue au point où chaque voiture ou moto est obligée de s’y baigner avant de passer. Les caniveaux sont bouchés depuis plus d’une année maintenant.
Il y a deux semaines maintenant, depuis que la commission Électorale Indépendante a lancé la campagne. C’est là que tous se sont réveillés. Banderoles, képis, effigies, on les voit partout. Les papas et les mamans bonheur sont de retour. Ils visitent les hôpitaux, les prisons, les démunis,… Bref, ils font tout cela dans le but de séduire l’électorat.
Chez moi, une direction près du Marché Somba-Zikita (Zigida) a été visitée cette semaine par le maire en personne. Il est descendu avec son équipe pour voir comment l’avenue était devenue impraticable. Le lendemain, le maire, mon Bourgmestre débarque avec un bulldozer. L’ingénieur s’assure de travailler le terrain. La pluie qui tombe et arrête le boulot mais ne le décourage pas.
Le jour suivant, voilà qu’un camion fait cinq tours pour y jeter des morceaux des pierres (d’un bâtiment démoli). Alors, je ne vous dit pas le nombre de fois où l’équipe de propagande vient crier de 17 à 20 heures : Votez utile, votez l’ancien Bourgmestre à la députation provinciale de cette commune, au numéro…
Ces histoires ne se font pas que chez moi. Dans la commune voisine (Barumbu), un membre du pouvoir vient de construction un pont de quelques mètres et à Bandalungwa un autre fait le même geste. Là encore C’est pour aider la population à traverser à l’autre bord du lac dit-il. On multiplie les œuvres pour dire « je compatis avec la population. Ils peuvent nous faire confiance pour porter leurs voix au plus haut »
Croyez-vous que l’on devait leur donner nos voix parce qu’ils nous viennent au secours que pendant la campagne électorale ?