Denis-Mukwege-et -Nadia-Murad (Photo RFI)
Par Joslin Baba
A Oslo en Norvège, le gynécologue congolais, docteur Denis Mukwege et l’activiste kurde Nadia Murad ont reçu officiellement leur prix Nobel de la paix, ce lundi 10 décembre 2018. Une médaille d’or, un diplôme et un chèque de 9 millions de couronnes suédoises (équivalent à 1,3 million de dollars canadiens), formellement remis aux lauréats. Cette date coïncide également avec la célébration de la déclaration universelle des droits de l’homme. Mukwege devient ainsi le premier natif du Congo-démocratique à obtenir ce prix. Qui l’aurait cru?
On l’appelle « l’homme qui répare les femmes ». Lui, Denis Mukwege, Médecin directeur de l’Hôpital de Panzi au Sud-Kivu dans l’Est de la République Démocratique du Congo. Il était déjà pressenti comme l’un des lauréats du prestigieux « Prix Nobel de la Paix » à cause de ses œuvres en faveur des femmes.
Les mots de Mukwege à la tribune
« C’est au nom du peuple congolais que je reçois ce prix Nobel », déclare le docteur Mukwege.
A la tribune, le gynécologue congolais est revenu sur l’origine déjà sa colère. L’attaque contre son hôpital de Lemera en octobre 1996 et les patients tués dans son lit. C’est le premier crime contre l’humanité de la première guerre du Congo. Trois ans plus tard, il crée l’hôpital de Panzi qui depuis près de vingt ans soigne des victimes de viols. Il évoque les bébés violés de Kavumu par la terrible milice du député Batumike, aujourd’hui condamnée. « Quand la 48e victime est arrivée, nous étions désespérés », se rappelle le gynécologue.
« Je m’appelle Denis, je viens d’un des pays les plus riches de la planète avec la population la plus pauvre ». Le prix Nobel de la paix congolais rappelle que c’est grâce à « ce pillage organisé » des ressources du Congo « avec la complicité des dirigeants qui prétendent nous gouverner » que le monde peut aujourd’hui jouir « de belles voitures, de bijoux et de gadgets ».
C’est ainsi que Mukwege appelle les sociétés qui utilisent ces minerais à produire « dans le respect de la dignité humaine ». Et à la communauté internationale de mettre en application les recommandations du « mapping report » et de rendre publics les noms des auteurs des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité au Congo.
« Comment construire la paix sur des fosses communes, sans justice ni réconciliation ? », lance-t-il, devant un public qui l’accompagne par ses applaudissements. « Il faut tracer une ligne rouge et ne plus dérouler le tapis rouge à tous les dirigeants responsables des crimes et notamment des viols de masse au Congo. Trop, c’est trop », conclut le docteur Mukwege appelant la communauté internationale dans la protection des civils et soutenir des élections crédibles et transparentes dans son pays.
Créé en 1901 de son nom Nobels fredspris, le prix Nobel de la paix, décerné par le Comité Nobel norvégien, récompense une contribution majeure pour la paix. Il récompense donc « la personnalité ou la communauté ayant le plus ou le mieux contribué au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix », selon les volontés, définies par le testament, d’Alfred Nobel (1833-1896).