20 avril 2024

L’argent de la ville de Kinshasa est-il détourné par la DGRK ? [Tribune]

La Rédaction

« Pouvez-vous nous dire où l’eau suinte parce qu’ici vous êtes syndicaliste et quand vous défendez, vous défendez tous les agents et fonctionnaires de la ville de Kinshasa ». C’est en ces termes que Luis France Kuzikesa s’adresse à son principal invité en la personne de Christian Lyondjo.

Le présentateur polémiste de Congo Media Libéré recevait sur son plateau ceux qui se sont présentés en qualité de syndicalistes de la CDT au sein de la Direction générale des recettes de Kinshasa (DGRK) dont Madame Aimée Mubuadi. Quand une émission a pour titre Détournement dans la gestion de la ville de Kinshasa : Ngobila démasqué, cela ne peut qu’attirer l’attention, notamment à un moment où l’opinion publique est très regardante sur la transparence et la gestion de la chose publique.

Trois jours après leur passage, d’autres syndicalistes de la même institution sont venus pour un droit de réponse. La différence de point de vue entre les deux interventions pousse à comparer les éléments fournis par les uns et les autres et faire du fact-checking pour démêler le vrai du faux.

Voilà cinq points essentiels à retenir sur le « détournement de fonds » dans la ville de Kinshasa et qui se base sur l’analyse des faits évoqués dans les deux émissions qui y ont été consacrées.

1. Qui sont ces syndicalistes ?

Une confusion a régné sur ce point précis. Alors que les intervenants lors de la première émission se sont réclamés être des délégués syndicaux de tous les agents, ceux de la seconde sont venus représenter neuf autres syndicats. C’est alors qu’on apprendra que 10 groupes à vocation syndicale existent au sein de la DGRK. Le premier groupe (CDT) et le deuxième groupe constituant les 9 autres structures.

2. La situation des agents de la DGRK est-elle critique ?

Oui, selon le premier groupe (CDT) qui fustige l’irrégularité des salaires et 8 mois d’arriérés (selon Madame Mubuadi) et 13 mois d’arriérés (selon Mr Christian). Le groupe des 9 quant à lui conteste et brandit la mécanisation de 480 agents non payés depuis leur engagement il y a plusieurs années et la promotion en grade collective de 1 000 agents recrutés depuis 2008.

3. Combien la DGRK produit ?

19 milliards de francs congolais par mois (soit environ 9 millions de dollars) selon le premier groupe. Des recettes dont la traçabilité ne serait pas du tout assurée. Le groupe des 9 quant à lui conteste ces chiffres. Les recettes ont été de 41 milliards en 2020 et de 53 milliards en 2021.

4. L’argent perçu par la DGRK est-il contrôlé ?

Non selon le premier groupe qui affirme que la répartition des fonds perçus sur les comptes bancaires de la DGRK ne fait l’objet d’aucun contrôle. Faux répond le second groupe qui confirme que l’Assemblée provinciale, l’Inspection générale des Finances en plus de l’accompagnement de l’Agence congolaise pour le changement des mentalités contrôlent en permanence la DGRK.

5. Dans quoi est investi l’argent collecté par la DGRK ?

Aucune traçabilité n’est assurée sur les fonds perçus par la DGRK selon le premier groupe. D’où leurs soupçons de détournements. Faux, rétorque le groupe des 9. Ce groupe revient sur la construction en cours d’une trentaine de kilomètres de routes nouvelles et en réhabilitation par le Gouvernement provincial (Elengesa, Kikwit, de la Paix, Mombele, Cecomaf) et de l’achat et pose de 10 000 lampes pour l’éclairage public.

Après avoir suivi les deux émissions, il se dégage que la deuxième émission a été plus factuelle que la première. Contrairement aux premiers intervenants, il a été attesté que les travaux de construction des routes secondaires sont financés par les fonds collectés par la DGRK. Tout comme les contrôles réguliers de l’Assemblée provinciale et de l’Inspection des Finances tels qu’attestés par le passé. Comme quoi, l’expression « deux sons de cloche » trouve ici tout son sens.

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