23 avril 2024

Kinshasa : ces enfants qui font 2 kilomètres à pied pour suivre le Mondial

Sur l’avenue Ceta, des enfants regardent le match France vs Australie

Par Jean-Hilaire Shotsha (JHS)

Bienvenue à Bel air. Ce quartier rural de la commune de la Nsele, à l’Est de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. Essentiellement rurale, la commune de la Nsele a du mal à être approvisionnée en électricité. Passionnés du foot, plusieurs enfants de ce quartier font au moins 2 kilomètres à pied chaque jour pour aller suivre les matchs de la Coupe du monde Russie 2018.

 

Mobilisés comme un seul homme, des dizaines d’enfants de 6 à 17 ans se rendent quotidiennement à Mbila, le petit quartier commercial de la contrée. En babouches ou pieds nus, ces filles et garçons quittent généralement le toit parental trente minutes avant la retransmission du premier match de la journée pour arriver à temps à destination. A jeun, ces mineurs, amoureux du ballon rond, dévalent des milliers de mètres dans un terrain sablonneux, sans se soucier des calories qu’ils brûlent.

Pour la plupart, leurs familles n’ont pas de moyen de s’acheter un téléviseur. D’autres ont des télés, mais pas suffisamment de ressources pour se procurer un panneau solaire ou un groupe électrogène en vue de satisfaire les passions de leurs enfants. Ils laissent ainsi ces derniers fréquenter même les bars, les terrasses et autres milieux publics pour assouvir leur curiosité.

Voir les stars du foot à tout prix

Une fois sur place à Mbila, la ribambelle prend d’assaut bistrots, boutiques, pharmacies… où sont exposés des écrans diffusant le Mondial. Grille des matchs en main, ces enfants scrutent le programme des matchs du jour avant de s’asseoir à même le sol, tâchant de faire le moins de bruits possibles pour ne pas être chassés. Rarement, ils ont la chance d’occuper une chaise en plastique réservée à un adulte, client du lieu, qui négocie sa place moyennant une bouteille de bière.

«J’aime souvent voir les matchs des équipes où jouent mes stars préférées. Moi particulièrement, j’aime Messi, et donc je ne voudrais pour rien au monde rater une rencontre d’’Argentine», nous souffle Junior L., un gamin de 8 ans. «Moi j’aime plutôt Christiano Ronaldo de Real de Madrid, et donc je ne peux rater le mach du Portugal», réplique Armel K., 10 ans.

Emprunter du courant pour faire plus de recettes

Dans ce petit centre commercial en effet, les propriétaires des échoppes, débits de boissons et autres espaces publics ont pris des précautions pour emprunter du courant du camp militaire Ceta avant la Coupe du monde, afin de faire plus de  recettes. Ils se sont ainsi fiés à ce camp dont la stabilité n’a jamais bougé d’un iota, alors qu’à Mbila, aucun projet d’électrification n’est à l’ordre du jour.

Ne voulant pas se soumettre aux longs trajets comme bien d’autres parents du quartier Bel air, Matou Kiala, la cinquantaine révolue, préfère plutôt rester à domicile pour suivre le match à travers sa radio à pile.

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