23 avril 2024

[JDC] Marie-José Ifoku : «La loi sur la parité n’est pas bien fixée dans les esprits des femmes en RDC»

Marie-José Ifoku, Photo tiers

Propos recueillis par Stéphie MUKINZI  et Jegou MPIUTU

Après la publication de la liste définitive des candidats retenus pour la présidentielle du 23 décembre prochain, un constat s’impose : une seule femme figure sur la liste des vingt et un candidats qualifiés pour la bataille finale. Il s’agit de Marie-José Ifoku, ex-vice-gouverneur de la Mongala. Abordée par le Journal du Citoyen (JDC), elle a accepté d’éclairer  la lanterne de nos lecteurs. Interview.

Vous êtes la seule femme sur la liste des candidats retenus pour la présidentielle de décembre prochain. Avez-vous peur de faire face à vingt hommes ?

Moi ? Avoir peur ? Je ne pense pas.  J’ai plutôt un sentiment de fierté. La sensation d’avoir franchi toutes les étapes, malgré les embûches. Je peux vous révéler qu’elles étaient  nombreuses,  mais n’ont pu m’empêcher de me retrouver à ce niveau de la compétition. Je déplore, par contre, la très faible participation de la gente féminine, mais il faut un début à tout.

Comment comptez-vous être élue dans une course où vous êtes la seule femme ?

Je ne vais pas vous dévoiler ma stratégie. Ce ne serait pas ingénieux de ma part. Je préfère avaler ma langue pour ne pas me faire avoir par mes concurrents. Cependant, de par mon expérience professionnelle, j’ai beaucoup d’atouts, notamment celui de concevoir les stratégies, au moment opportun. Le moment venu, le peuple congolais découvrira les stratégies que j’ai mises en place pour gagner le 23 décembre prochain.

A la présidentielle de 2006 et celle de 2011, il y avait moins des candidatures féminines. Comment justifiez la faible participation des Congolaises à la présidentielle?

Je peux justifier cela par le fait que la loi sur la parité est en vigueur, mais elle n’est pas encore bien ancrée dans les esprits de mes compatriotes féminins. Pour moi,  il y a deux raisons : le manque de courage de se lancer dans la bataille pour conquérir le pouvoir au sommet de l’Etat, mais aussi et surtout le manque de moyens financiers.  Ces défauts constituent les faiblesses majeures que doivent combattre les femmes congolaises, afin de ne pas se sentir moindre devant les hommes.

Que faire pour remédier à ce déficit des candidatures féminines lors de prochaines élections ?

Pour y remédier, j’invite toutes les femmes à jouir de cette loi dans tous les secteurs de la vie politique et de ne plus avoir peur de participer aux différents scrutins, et de prendre leurs destins en main ainsi que celui de la République. Notre pays est un patrimoine que nos ancêtres ont toujours protégé, tout en gardant l’esprit d’épanouissement. Je crois que l’heure a sonné pour que nous prenions la relève, en travaillant en connivence avec les hommes et en tâchant de ne plus avoir peur de concourir.

Que dites-vous aux femmes qui ont des ambitions politiques, mais qui ont peur de la concurrence masculine ?

M’adressant à mes compatriotes féminins, je leur lance ce message : «Les hommes ne vont pas les dévorer politiquement si elles prennent conscience que l’heure est venue de se lever et d’agir en toute intégrité. Il est temps d’inspirer le respect pour changer notre pays et aller de l’avant, tout en consolidant l’unité et la parité, qui se veut le soubassement de l’épanouissement de la femme ».

Si vous êtes élue à la tête du pays le 23 décembre prochain, comment comptez-vous stimuler l’engagement citoyen de la gente féminine ?

En respectant la règle de parité. J’ai dans mon programme d’actions un plan qui incite la femme et la jeune fille à l’éducation et à la formation, qui lui permettront d’entrer en politique bien munie des connaissances adéquates. Il faut, en plus, faire tomber les barrières psychologiques telle que «Muasi atongaka mboka te» (NDLR : la femme ne bâtit pas une Nation). Actuellement, nous pouvons remarquer que la femme peut faire des grandes choses. On les voit bien ailleurs avec des dames de poigne comme Angela Merkel, Theresa May, Elen Johnson…

En quoi se résume votre projet de société ?

L’ossature principale de mon programme est basée sur l’instauration de l’autorité de l’Etat, car la justice élève une nation.

 

 

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