28 mars 2024

État d’urgence : À Kinshasa, la mesure suspendant la vente des produits autres que les denrées alimentaires foulée aux pieds

Par Jean-Hilaire Shotsha

Kinshasa reste la ville la plus touchée de la RDC par la Covid_19 avec 456 cas confirmés sur les 471 qu’enregistre le pays (bilan de l’INRB au lundi 27 avril 2020). La population vivant dans la capitale du pays est soumise au respect strict des mesures de prévention contre la pandémie. Mais, les kinoises et kinois ont du mal à respecter ces consignes.

Blogducitoyen.com vous présente quelques faits qui rendent la mesure suspendant la vente des produits autres que les denrées alimentaires irrespectables.

L’économie des revenus des ménages dans l’informel

Le respect de cette mesure pose un problème sérieux de survie pour presque tous kinois qui se nourrissent au taux du jour. Car, ils sont obligés de travailler hors de chez eux, sans quoi, ils n’auront pas de quoi subvenir à leurs besoins. La plupart des ménages n’ont pas de réserves bancaires.

« Nous devons sortir pour avoir de quoi manger. Quand les autorités nous demandent de ne pas vendre, comment allons-nous vivre ? », s’interroge un vendeur des habits au carrefour de Ngaba. Pour ce vendeur qui a requis anonymat, cette mesure suspendant la vente des produits autres que les denrées alimentaires n’a pas sa raison d’être.

Des agents de l’ordre dans la corruption

La corruption est devenue l’un des moyens de survie en RDC. Des agents de l’ordre censés faire respecter cette mesure sont corrompus par les billets de banque et laissent les commerçants violer la mesure de l’autorité urbaine.

Samedi 25 avril 2020, vers 16h, au carrefour de Ngaba (Rond-point Ngaba), des policiers font semblant d’arrêter quelques commerçants vendeurs des produits non alimentaires. Oui, ils font semblant, les commerçants qui leur donnent de l’argent ne sont pas interpellés. L’argent que ces derniers paient aux policiers n’est ni une taxe ni une amende. Ne vous étonnez pas, chez nous, on peut corrompre même pour sa propre mort.

Le constat est le même dans plusieurs lieux de négoce à Kinshasa. Les maisons de ventes des habits, téléphones, pièces de rechange, quincailleries, commerçants ambulants,… échappent à cette mesure sous couvert des billets verts.

Manque d’un élan de solidarité efficace

Le Président Félix-Antoine Tshisekedi avait lancé, depuis mardi 24 mars 2020, un appel à la solidarité nationale de tous les opérateurs économiques ainsi que d’autres pays et organismes « qui conduira à la mise en place d’un Fonds National de Solidarité Contre le Coronavirus (FNSCC) qui restera ouvert à tous les potentiels bienfaiteurs ».

Plus d’un mois, chacun vole au secours à sa manière. Beaucoup vienne au secours des orphelins et personnes vulnérables. Or, même les commerçants ambulants et les petits commerçants méritent cette solidarité pour subvenir à leurs besoins pendant cette période où leurs activités sont suspendues. Bon, attendons voir si les animateurs du comité de gestion du Fonds national de solidarité contre le Coronavirus récemment nommés penseront à eux.

Chères autorités, dans l’état d’urgence, il y a toujours des cas d’urgence. C’est bien de suspendre le commerce des produits non alimentaires mais il est aussi utile de penser à la survie de ces citoyens qui vivent au taux du jour grâce à ce commerce.

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