29 mars 2024

Cirer des chaussures, un métier qui nourrit des familles à Kinshasa

Par Jean-Hilaire Shotsha

L’artisanat constitue l’un des secteurs pourvoyeurs importants dans la vie socioéconomique des habitants de la ville de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo (RDC). Ce secteur embrasse des milliers de congolais comme cela est bien visible dans le métier de cireur des chausseurs. Cependant, ce secteur a du mal à décoller dans son ensemble. 

Munis d’un sac au dos, d’une brosse à cirage et en main d’un morceau de bois servant de pose-pieds. Ces jeunes circulent à travers les rues, marchés de Kinshasa en tapant sur le coffre pour attirer l’attention des clients. Ces cireurs de chaussures sont pour la plupart âgés de  18 à 30 ans, mais aussi et surtout les mineurs. Certains parmi eux sont pères de famille.  Grâce à ce métier, ils nourrissent leurs familles et scolarisent leurs enfants. Les uns sont les ambulants et les autres, on les trouve au centre-ville, au carrefour de Victoire, au Rond-point Ngaba et autres milieux les plus fréquentés.

Un cireur cire arrange les chaussures de son client à l’UNIKIN

Ils se lèvent tôt, vers 5h 30′ ou 6h 00′ pour arriver à leur lieu de travail. Ils y restent jusqu’aux environs de 17h 30’, voire 19h. Curieusement, la plupart d’entre eux habitent dans les quartiers périphériques de Kinshasa. Ce métier leur permet de réaliser une recette entre 10.000 à 15.000FC par jour. Les clients paient entre 300 à 500FC, c’est le tarif normal.

Aristote Lenga, âgé de 25 ans, a quitté l’école en 5ème des humanités suite à la mort de son père. Ce cireur rêvait devenir avocat de renommé, mais hélas, le destin en a décidé autrement. « A la mort de mon père, explique-t-il, ma mère semblait être perdue parce que la famille de mon père nous avait dépouillés de tout, en nous ravissant tout. Une année plus tard, je me suis lancé dans ce métier pour aider ma famille à trouver de quoi se nourrir », s’est-il confié.

Au carrefour de Ngaba, un cireur arrange les chaussures de son client

Junior, un cireur âgé de 23 ans s’est lancé dans ce métier pour soutenir sa famille « À 19 ans, j’ai engrossé une copine, alors que j’étais en première année de graduat à l’Université de Kinshasa (UNIKIN). Mon oncle qui me prenait en charge a décidé que j’arrête les études pour m’occuper de la grossesse de ma copine. Je n’avais pas de moyens pour survivre moins aussi prendre soin de la fille. Voilà pourquoi, je me suis lancé dans ce métier », fait-il savoir.

Anderson Kabeya, un cireur croisé sur boulevard du 30 juin, déplore le fait que les jeunes se livrent à la délinquance juvénile. Selon lui, grâce à ce métier de cireur, il est devenu financièrement indépendant et satisfait du peu qu’il gagne.

Nombre entre ces cireurs contribuent beaucoup dans leurs familles, au lieu de voler, braquer, commettre des actes de banditisme etc., ils gagnent honnêtement leurs vies sous un soleil radieux à Kinshasa. 

Cependant ce secteur connait des difficultés liées à la formation et à l’organisation des acteurs, au financement. Le métier est exercé par des amateurs, car ces derniers n’ont aucune  formation professionnelle dans le domaine. Les cireurs lancent un appel d’aide au gouvernement provincial et national.

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